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sentant le chapeau de Napoléon, vu dans diverses positions. « Voilà quelque chose pour mon fils », dit Goethe, et il lui envoya le dessin. Il ne manqua pas son effet : le jeune Goethe arriva bientôt, plein de joie, disant que ces chapeaux de son héros étaient le nec plus ultra de sa collection. Cinq minutes ne s’étaient pas écoulées que le dessin était encadré, mis sous verre, et placé parmi les autres attributs et monuments du héros.

Dimanche, 14 mars 1830.

Passé la soirée chez Goethe. Il m’a montré tous les trésors de la caisse de David, maintenant mis en ordre. Il avait soigneusement rangé sur une table, les uns près des autres, tous les médaillons des jeunes poëtes de la France. Il parla encore du talent extraordinaire de David, aussi grand par ses conceptions que par son exécution. Il m’a montré une quantité d’ouvrages contemporains que, par l’entremise de David, les talents les plus distingués de l’école romantique lui ont envoyés en présent. Je vis des ouvrages de Sainte-Beuve, Ballanche, Victor Hugo, Balzac, Alfred de Vigny, Jules Janin et autres. « David, dit-il, m’a par cet envoi préparé de belles journées. Les jeunes poëtes m’ont occupé déjà toute cette semaine, et les fraîches impressions que je reçois de leurs œuvres me donnent comme une nouvelle vie. Je ferai un catalogue spécial pour ces chers portraits et pour ces chers livres, et je leur donnerai une place spéciale dans ma collection artistique et dans ma bibliothèque. » — On voyait que cet hommage des jeunes poëtes de France remplissait Goethe de la joie la plus profonde.

Il lut un peu dans les Études d’Émile Deschamps. Il loua la traduction de la Fiancée de Corinthe, comme