Page:Eckermann - Conversations de Goethe, t2, trad. Délerot.djvu/226

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puyée sur une bêche, pour exprimer symboliquement que l’homme est destiné à cultiver la terre. Puis Noé, avec qui commence une nouvelle création. Il cultive la vigne, et on peut donner à cette figure quelque chose d’un Bacchus indien ; 3° Moïse, comme premier législateur ; 4° David, guerrier et roi ; 5° Isaïe, prince et prophète ; 6° Daniel, qui annonce Celui qui doit venir ; 7° le Christ ; 8°, à côté de lui, Jean, qui aime Celui qui est venu. Le Christ serait entouré de deux jeunes figures : la première, Daniel, devrait être représentée avec une expression de douceur et les cheveux longs ; l’autre, Jean, avec une expression passionnée, et les cheveux courts et frisés. Après Jean, viendrait le Centenier de Capharnaüm, représentant des fidèles, qui attendent un secours immédiat. Enfin Madeleine, symbole des âmes qui se repentent, qui ont besoin de pardon, qui travaillent à s’améliorer. Dans ces deux figures serait renfermée l’idée intime du christianisme. Après peut venir Paul, qui a le plus travaillé à répandre la doctrine ; puis Jacques, qui est allé chez les peuples les plus éloignés et qui représente les missionnaires ; Pierre formerait la conclusion. L’artiste devra le mettre dans le voisinage de la porte de l’Église et lui donner une expression telle qu’il semble considérer attentivement tous ceux qui entrent, pour voir s’ils sont dignes de fouler le sanctuaire. — Que dites-vous de ce cycle ? Je crois qu’il est plus riche que celui des douze apôtres, qui se ressemblent tous. Je représenterais Moïse et Madeleine assis. » Je priai Goethe d’écrire ce qu’il venait de m’exposer si bien ; il me le promit en disant : « Je veux encore réfléchir, et quand ce sera fait, nous pourrons introduire ce morceau, avec quelques autres que je viens de terminer, dans notre trente-neuvième volume. »