Page:Eckermann - Conversations de Goethe, t2, trad. Délerot.djvu/266

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trop de goût pour d’autres occupations, par exemple, pour les arts, car alors non-seulement l’attention du prince, mais les forces de l’État sont nécessairement détournées d’autres objets plus indispensables. Le goût des arts est plutôt l’affaire des riches particuliers.

Goethe m’a dit ensuite que la traduction de sa Métamorphose des Plantes, qu’il fait avec Soret, marchait bien, et qu’il avait reçu du dehors, pour la révision de cet ouvrage, des secours excellents, surtout pour le chapitre de la spirale. « Vous savez, dit-il, que nous nous occupons de cette traduction depuis plus d’une année déjà ; mille obstacles nous ont arrêtés, l’œuvre restait là, et je maudissais souvent en moi-même ce retard. Mais maintenant je rends grâces à tous ces obstacles, car pendant ce temps des savants distingués ont fait des découvertes qui sont de l’eau excellente pour notre moulin, et qui, me faisant aller en avant au delà de toutes mes espérances, me permettent de donner à mon travail une conclusion à laquelle je n’aurais pas pensé il y a un an. Des aventures de ce genre me sont souvent arrivées dans ma vie, et on en vient, dans ces circonstances, à croire à une influence supérieure, à quelque chose de démoniaque, sans prétendre en comprendre davantage. »

Samedi, 19 février 1831.

Diné chez Goethe avec le conseiller aulique Vogel. Goethe avait reçu une brochure sur l’île d’Heligoland ; il la lisait avec grand intérêt et nous en communiqua l’essentiel. On parla ensuite de médecine, et Vogel raconta, comme la nouvelle du jour, que la petite vérole, malgré la vaccine, avait reparu à Eisenach, et en très-peu de