Page:Eckermann - Conversations de Goethe, t2, trad. Délerot.djvu/267

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temps avait enlevé beaucoup de monde. — « La nature, dit Vogel, a toujours quelque trait en réserve, et il faut bien du soin pour qu’une théorie que l’on dirige contre elle soit efficace. On considérait la vaccine comme si certaine et comme si infaillible qu’on en a fait une obligation légale ; mais cet événement d’Eisenach rend suspecte son infaillibilité et affaiblit le crédit de la loi. »

« — Cependant, dit Goethe, mon avis est qu’il ne faut pas moins en exiger sévèrement l’exécution, car ces petites exceptions ne sont rien en comparaison de ses immenses bienfaits. »

« — C’est aussi mon avis, dit Vogel, et je soutiendrais même que, dans tous les cas où la vaccine n’a pas préservé de la petite vérole, l’inoculation avait été défectueuse. Pour qu’elle préserve, il faut qu’elle soit suivie de fièvre ; une irritation de la peau sans fièvre ne préserve pas. Aussi, dans le comité, j’ai proposé qu’on obligeât toutes les personnes chargées de vacciner à faire une forte inoculation. »

« — J’espère que votre proposition a passé, dit Goethe ; en général je suis toujours pour l’observation complète des lois, surtout dans un temps comme le nôtre, où, par faiblesse ou par libéralisme exagéré, on a partout plus de laisser-aller qu’il n’est raisonnable »

Dimanche, 20 février 1831.

Dîné avec Goethe. Il m’avoue qu’il a vérifié mes observations sur les ombres bleues de la neige produites par le bleu du ciel, et qu’il les a trouvées justes. « Cependant, dit-il, les deux causes peuvent agir ensemble, et la couleur attirée par le jaune peut être renforcée par le bleu extérieur. » — J’accède tout à fait à cette proposition, et