Page:Eckermann - Conversations de Goethe, t2, trad. Délerot.djvu/285

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artistes qui promettent, nouvelle qui a paru faire grand plaisir à Goethe. Je lui apportais encore une autre nouvelle. Madame la grande-duchesse veut appeler à Weimar, pour leur y procurer une existence indépendante et tranquille, les écrivains distingués d’Allemagne qui sont sans fortune, sans emploi, et qui n’ont que leur talent pour vivre. Ils pourraient ainsi terminer leurs œuvres à loisir, et ne seraient pas obligés de travailler à la hâte, au détriment de leur talent et de la littérature. — « L’intention de madame la grande-duchesse, dit Goethe, est vraiment princière ; je m’incline devant ces nobles idées, mais les choix seront bien difficiles. Nos premiers talents ont déjà une position assurée, soit par des places, soit par des pensions, soit par une fortune personnelle. Weimar de plus ne convient pas à tous, et c’est un séjour qui ne leur serait pas toujours favorable. Cependant je ne perdrai pas de vue cette noble idée, et je verrai ce que l’avenir nous apportera de bon. »

Vendredi, 11 mars 1851.

Dîné avec Goethe. « Il est remarquable, a-t-il dit, que ces descriptions détaillées dans lesquelles excelle Walter Scott, le conduisent souvent à des fautes. Ainsi, dans Ivanhoé, il y a une scène où l’on voit un étranger entrant le soir dans une salle de festin ; il a décrit le personnage tout entier ; mais il a fait une faute en décrivant aussi ses pieds, ses souliers, ses bas, car lorsqu’on est assis le soir à table, si quelqu’un entre, on ne voit que la partie supérieure de son corps. Si je décris aussi les pieds, aussitôt la lumière du jour entre, et la scène perd son caractère nocturne. » Goethe ajouta encore beaucoup d’autres observations sur Walter Scott ; je l’engageai à