Page:Eckermann - Conversations de Goethe, t2, trad. Délerot.djvu/307

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renfermée dans la partie théorique, et les principales erreurs de la doctrine de Newton sont déjà indiquées dans la partie historique. Je ne désavoue pas du tout la critique un peu vive que j’ai faite des principes de Newton ; dans son temps elle était nécessaire, et elle conservera dans la suite sa valeur, mais tout acte polémique est contre ma nature et m’est peu agréable. »

Nous parlâmes aussi des maximes et réflexions qui sont imprimées à la fin de la seconde et de la troisième partie des Années de voyage. — Lorsque Goethe revit et compléta ce roman, il croyait d’abord qu’il irait à deux volumes ; mais le manuscrit grossit plus qu’il ne le croyait, et comme son copiste n’écrivait pas serré, Goethe pensa que le roman cette fois remplirait trois volumes. Mais, quand on eut commencé l’impression, Goethe vit qu’il avait mal calculé, et les deux derniers volumes menaçaient d’être trop minces. L’éditeur demandait de la copie, on ne pouvait plus ni modifier le cours du récit, ni intercaler une nouvelle, le temps manquait, et Goethe était assez embarrassé. Il me fit appeler, et me donna deux gros paquets de papiers couverts d’écriture : « Dans ces deux paquets, me dit-il, vous trouverez différents morceaux qui n’ont pas encore été imprimés, finis ou non, des réflexions sur l’histoire naturelle, sur l’art, la littérature, la vie, le tout mêlé. Vous pourriez en tirer de six à huit feuilles d’impression, qui nous serviraient à combler le vide des Années de voyage. Rigoureusement ces morceaux ne font pas partie du roman, mais comme on parle d’archives chez Macarie, cela suffit pour justifier leur introduction. Cela nous tire d’embarras, et en même temps c’est une excellente manière de lancer dans le monde une foule de bonnes choses. »