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cienne mode. À un tel prince nous témoignerions sans peine notre respect ; nous aurions confiance dans la sûreté de son jugement, nous lui confierions sans crainte nos affaires, et s’il jugeait nos demandes justes et raisonnables, nous serions pleinement sûrs qu’il veillerait avec soin à ce qu’elles fussent satisfaites.

Le fond de ce portrait est simple et noble ; le prince semble sortir d’un joli palais d’été et commencer sa promenade.


LOUIS-PHILIPPE DUC D’ORLÉANS (PEINT EN 1817)

Un beau visage, digne des actions d’éclat qu’il rappelle. Le personnage est représenté dans la fleur de l’âge ; les membres sont bien proportionnés, forts et musculeux ; la poitrine est large ; le corps a de l’aisance, et porte très-bien cet uniforme bizarre que nous avons vu longtemps aux hussards, aux uhlans, et qui depuis quelque temps a été modifié de différentes manières. Là non plus ne manquent pas les galons, les cordons, les passements, les brandebourgs, les boucles, les courroies, les agrafes, les ceintures, les boutons, les aiguillettes. — La main droite tient un riche bonnet oriental orné d’une plume de héron ; la main gauche repose sur le sabre, soutenu par de longues courroies liées à la sabretache. — La figure est dans son ensemble très-heureusement posée, et l’arrangement est excellent ; les manches et la culotte sont entièrement blanches et forment de larges parties claires qui contrastent fort bien avec toute la parure de l’uniforme. Nous voudrions avoir vu ce personnage à la parade ; nous ne prétendons pas, par ces paroles, blâmer le paysage qui sert de fond. À quelque distance attend un aide de camp, et on tient un cheval qui regarde vers son maître. La vue sur les lointains est sauvage ; tous les accessoires sont inventés avec beaucoup de goût, et nous rendons justice à l’intention du peintre qui a su satisfaire aux exigences du sujet ; cependant la figure semble vraiment ne s’avancer que pour se faire voir ; elle n’observe rien, ne commande pas ; voilà pourquoi nous sommes forcés de la considérer comme étant à la parade.


LE DUC DE MONTEBELLO, MARÉCHAL LANNES (PEINT EN 1810).

Ce portrait est l’opposé du précédent. Un guerrier élancé, bien fait, de bonne mine, sans plus de parure qu’il n’en faut pour dé-