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le monde nous l’aurions pris pour un diplomate, et c’est une heureuse pensée d’avoir placé au milieu de ces hommes célèbres qui appartiennent à l’histoire la noble et belle prose du jour qui passe.


LE COMTE ET LA COMTESSE FRIESE (PEINTS EN 1804).

Ce portrait de famille fait parfaitement suite à celui que nous venons de voir ; le personnage précédent pourrait entrer ici, il y serait très-bien accueilli. Le mari, assis sur une table à trois angles, a une pose d’un abandon naturel très-heureux. Une cravache dans la main droite, il parle de départ ou d’arrivée, et la manière négligente dont il est assis s’explique ainsi très-bien. Sa femme, vêtue d’une simple robe blanche, les genoux cachés par un châle à dessins variés, est assise et suit le regard de son mari, dirigé vers la porte d’entrée. Nous pouvons croire que nous sommes ces personnes que l’on s’apprête à recevoir avec tant de politesse et d’amitié. Le bras gauche de la dame est appuyé sur le berceau d’un petit enfant qui paraît sommeiller avec un bonheur complet. Un mur orné de pilastres, une galerie que l’on aperçoit par une croisée, un paravent placé derrière le lit de l’enfant, composent un arrière-plan varié, gracieux, vaste, et qui cependant convient à une maison d’habitation. L’ensemble de la composition est excellent, et le tableau, peint de grandeur naturelle dans les tons indiqués, doit être très-agréable.


CATHERINE,
PRINCESSE ROYALE DE WURTEMBERG, REINE DE WESTPHALIE
(PEINTE EN 1813).

Ce tableau est celui qui nous dit le moins, pour employer l’expression usitée dans le langage de la conversation. Une belle dame habillée avec goût, mais avec luxe, est assise sur un siège de marbre d’un dessin sévère, couvert de tapis et de coussins ; dans sa main droite abaissée est un petit livre que son pouce tient entrouvert comme si elle venait de suspendre sa lecture ; le bras gauche, appuyé sur un coussin, a une pose qui semble indiquer qu’il soutenait la tête quelques instants auparavant. Le visage et