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tribune. En 1818, il exposa enfin avec netteté les principes suivant lesquels il considérait la nature, et il exprima sa pensée fondamentale : L’organisation des animaux est soumise à un plan général, et c’est l’étude des modifications de ce plan général qui peut indiquer les vraies subdivisions de l’ensemble des êtres. »

Venons maintenant à son adversaire.

Georges-Léopold Cuvier, est né en 1769 à Montbéliard, qui appartenait alors au Wurtemberg. Il y étudia à fond la langue et la littérature allemandes ; son goût pour l’histoire naturelle le lia avec l’excellent Kielmeyer, et cette amitié s’est toujours continuée. Nous nous rappelons avoir vu en 1797 des lettres qu’il avait écrites à Kielmeyer, lettres curieuses par les remarquables dessins d’animaux inférieurs qu’elles renfermaient. Pendant un séjour en Normandie, il étudia, d’après Linné, la classe des vers ; entré en relation avec les naturalistes de Paris, il fut décidé par Geoffroy Saint-Hilaire à venir dans cette ville. Il publia avec Geoffroy Saint-Hilaire plusieurs ouvrages d’enseignement, ils s’occupèrent ensemble surtout du classement des mammifères. Les mérites d’un tel homme ne restèrent pas longtemps ignorés ; il fut nommé en 1795 professeur à l’École centrale et membre de l’Institut. En 1798, il publia pour les élèves de l’École centrale ses Tableaux élémentaires de l’histoire naturelle des animaux. Devenu professeur d’anatomie comparée, son intelligence pénétrante domina une science immense, et son enseignement lucide et brillant eut le plus grand succès. À la mort de Daubenton, il le remplaça au Collège de France, et Napoléon, reconnaissant ses talents, le nomma membre du conseil supérieur de l’instruction publique. En cette qualité, il parcourut la Hollande et une partie de l’Allemagne, pour inspecter les établissements d’instruction publique existant dans ces pays, alors incorporés à l’Empire. Dans son rapport, m’a-t-on dit, il n’a pas hésité à montrer la supériorité des écoles allemandes sur les écoles françaises. — Depuis 1813, il occupait des emplois importants dans le gouvernement ; il fut maintenu dans ses fonctions à la rentrée des Bourbons, et il n’a pas cessé depuis lors de déployer son activité dans les affaires publiques comme dans la science. — Ses travaux sont infinis ; ils embrassent l’empire entier de la nature ; ses livres ne nous instruisent pas seulement par les faits qu’ils renferment, ils nous offrent encore des modèles d’exposition. Il n’a pas seulement cherché à décrire et à classer les organisations vi-