Page:Edgar Poe Arthur Gordon Pym.djvu/199

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heur de perdre un homme, qui tomba à la mer. C’était un Américain, nommé Peter Vredenburgh, natif de New-York, et l’un des meilleurs matelots que possédât la goëlette. En passant sur l’avant, le pied lui glissa, et il tomba entre deux quartiers de glace pour ne jamais se relever. Ce jour-là, à midi, nous étions par 78° 30′ de latitude et 40° 15′ de longitude ouest. Le froid était maintenant excessif, et nous attrapions continuellement des rafales de grêle du nord-est. Nous vîmes encore dans cette direction quelques banquises énormes, et tout l’horizon à l’est semblait fermé par une région de glaces élevant et superposant ses masses en amphithéâtre. Le soir, nous aperçûmes quelques blocs de bois flottant à la dérive, et au-dessus planait une immense quantité d’oiseaux, parmi lesquels se trouvaient des nellies, des pétrels, des albatros, et un gros oiseau bleu du plus brillant plumage. La variation, par azimut, était alors un peu moins considérable que précédemment, lorsque nous avions traversé le cercle Antarctique.

12 janvier. — Notre passage vers le sud est redevenu une chose fort douteuse ; car nous ne pouvions rien voir dans la direction du pôle qu’une banquise en apparence sans limites, adossée contre de véritables montagnes de glace dentelée, qui formaient des précipices sourcilleux, échelonnés les uns sur les autres. Nous avons porté à l’ouest jusqu’au 14, dans l’espérance de découvrir un passage.

14 janvier. — Le matin du 14, nous atteignîmes l’extrémité ouest de la banquise énorme qui nous barrait le passage, et, l’ayant doublée, nous débouchâmes dans