Page:Edgar Poe Arthur Gordon Pym.djvu/217

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quel but, je ne pus pas m’en rendre compte ; car la pierre n’était jamais d’une grosseur suffisante pour boucher plus d’un tiers du passage.

Ce village, si toutefois cela méritait un pareil nom, était situé dans une vallée d’une certaine profondeur, et l’on ne pouvait y arriver que par le sud, la muraille ardue dont j’ai parlé fermant l’accès dans toute autre direction. À travers le milieu de la vallée clapotait un courant d’eau de la même apparence magique que celle déjà décrite. Nous aperçûmes autour des habitations quelques étranges animaux qui semblaient tous parfaitement domestiqués. Les plus gros rappelaient notre cochon vulgaire, tant par la structure du corps que par le groin ; la queue, toutefois, était touffue, et les jambes grêles comme celles de l’antilope. La démarche de la bête était indécise et gauche, et nous ne la vîmes jamais essayant de courir. Nous remarquâmes aussi quelques animaux d’une physionomie analogue, mais plus longs de corps, et recouverts d’une laine noire. Il y avait une grande variété de volailles domestiques qui se promenaient aux alentours, et qui semblaient constituer la principale nourriture des indigènes. À notre grand étonnement, nous aperçûmes parmi les oiseaux des albatros noirs complètement apprivoisés, qui allaient périodiquement en mer chercher leur nourriture, revenant toujours au village comme à leur logis, et se servant seulement de la côte sud qui était à proximité comme de lieu d’incubation. Là, comme d’habitude, ils étaient associés avec leurs amis les pingouins, mais ces derniers ne les suivaient jamais jusqu’aux habitations des sauvages. Parmi les autres oiseaux apprivoisés il y