Page:Edgar Poe Arthur Gordon Pym.djvu/225

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que le tracé d’un emplacement convenable, l’érection d’une partie des bâtiments, et quelques autres besognes pour lesquelles tout notre équipage serait mis en réquisition, la goëlette se remettrait en route, laissant sur l’île trois de ses hommes pour surveiller l’accomplissement du projet et enseigner aux naturels la dessiccation de la biche de mer. Quant aux conditions de traité, elles dépendaient du zèle et de l’activité des sauvages pendant notre absence. Ils devaient recevoir une quantité convenue de verroterie bleue, de couteaux, de toile rouge, et ainsi de suite, pour autant de fois un certain nombre de piculs de biche de mer, que nous devions trouver toute préparée à notre retour.

Une description de la nature de cet important article de commerce et de la méthode de le préparer peut être de quelque intérêt pour mes lecteurs, et je ne vois pas de meilleure place que celle-ci pour introduire ce compte-rendu. La notice complète qui suit, relative à la substance en question, est tirée d’une relation moderne de voyage dans les mers du Sud :

« C’est ce mollusque des mers de l’Inde qui est connu dans le commerce sous le nom français de bouche de mer (fin morceau tiré de la mer). Si je ne me trompe pas, l’illustre Cuvier l’appelle gasteropeda pulmonifera. On le recueille en abondance sur les côtes des îles du Pacifique, principalement pour le marché chinois, où il est coté à un très-haut prix, presque autant que ces fameux nids comestibles, qui sont probablement faits d’une matière gélatineuse ramassée par une espèce d’hirondelle sur le corps de ces mollusques. Ils n’ont ni coquilles ni pattes,