enterrés à tout jamais. Nous n’avions pas d’autre perspective que d’être mis à mort par les sauvages ou de traîner parmi eux une misérable existence de captifs. Nous pouvions, il est vrai, pendant quelque temps échapper à leur attention dans les replis des collines et, à la dernière extrémité, dans l’abîme d’où nous venions de sortir ; mais il nous fallait ou mourir de froid et de faim pendant le long hiver polaire, ou finalement trahir notre existence dans nos efforts pour trouver quelques ressources.
Tout le pays environnant semblait fourmiller de sauvages, et de nouvelles bandes, que nous aperçûmes alors, étaient arrivées sur des radeaux des îles situées au sud, indubitablement pour aider à prendre et à piller la Jane. Le navire était toujours tranquillement à l’ancre dans la baie, les hommes à bord ne pouvant pas soupçonner qu’un danger quelconque les menaçât. Combien nous brûlâmes en ce moment d’être avec eux, soit pour les aider à opérer leur fuite, soit pour périr ensemble en essayant de nous défendre ! Nous n’apercevions même aucun moyen de les avertir du péril sans attirer immédiatement la mort sur nos têtes, et encore, dans ce cas, n’avions-nous que peu d’espoir de leur être utiles. Un coup de pistolet aurait suffi pour leur annoncer qu’il était arrivé un malheur ; mais cet avis ne pouvait pas leur faire comprendre que leur seule chance de salut consistait à lever l’ancre immédiatement, — qu’aucun principe d’honneur ne les contraignait à rester, puisque leurs compagnons avaient disparu du rôle des vivants. Pour avoir entendu la décharge, ils ne pouvaient pas