Page:Edgar Poe Arthur Gordon Pym.djvu/252

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dant quelques heures d’un sommeil profond et bienfaisant.

Après cette recherche infructueuse, nous nous occupâmes pendant quelques jours à explorer dans toutes ses parties le sommet de la montagne pour vérifier quelles ressources réelles il pouvait nous offrir. Nous vîmes qu’il était impossible d’y trouver aucune nourriture, à l’exception des pernicieuses noisettes et d’une espèce très-drue de cochléaria qui croissait sur une petite étendue de quatre verges carrées au plus, et que nous eûmes bientôt épuisée. Le 15 février, autant du moins que je puis me rappeler, il n’en restait plus un brin, et les noisettes devenaient rares ; aussi nous était-il difficile de concevoir une situation plus déplorable[1]. Le 16, nous recommençâmes à longer les remparts de notre prison dans l’espérance de trouver quelque échappée ; mais ce fut en vain. Nous redescendîmes aussi dans le trou dans lequel nous avions été engloutis, avec le faible espoir de découvrir, en suivant ce couloir, quelque ouverture aboutissant sur la ravine principale. Là encore nous fûmes désappointés ; mais nous trouvâmes et nous rapportâmes avec nous un fusil.

Le 17, nous sortîmes, résolus à examiner plus soigneusement l’abîme de granit noir dans lequel nous étions entrés lors de notre première exploration. Nous nous souvînmes de n’avoir regardé qu’imparfaitement à travers l’une des fissures qui sillonnait la paroi du gouffre, et nous nous sentîmes impatients de l’explorer, bien que

  1. Ce jour-là fut un jour notable, en ce que nous observâmes, du côté du sud, quelques-unes de ces immenses ondulations de vapeur grisâtre dont j’ai déjà parlé. — E. A. P.