La bougie jetait un rayon si faible que ce n’était qu’à grand’peine que je pouvais trouver ma route à travers l’amas confus d’objets dont j’étais entouré. Cependant mes yeux s’accoutumèrent par degrés à l’obscurité, et je m’avançai avec moins d’embarras, me tenant accroché aux basques de l’habit de mon camarade. Il me conduisit enfin, après avoir rampé et tourné à travers d’innombrables et étroits passages, à une caisse cerclée de fer semblable à celle dont on se sert quelquefois pour emballer la faïence de prix. Elle était haute d’environ quatre pieds et longue de six bons pieds, mais excessivement étroite. Deux vastes barriques d’huile vides étaient posées au-dessus, et par-dessus celles-ci une énorme quantité de paillassons empilés jusqu’au plafond. Tout autour et dans tous les sens, était arrimé, aussi serré que possible et jusqu’au plafond, un véritable chaos de provisions de bord, avec un mélange hétérogène de cages, de paniers, de barils et de balles, au point que c’était pour moi comme un miracle que nous eussions pu nous frayer un chemin jusqu’à la caisse en question. J’appris ensuite qu’Auguste avait disposé à dessein tout l’arrimage dans la cale, dans le but de me préparer une excellente cachette, sans avoir eu d’autre aide dans ce travail qu’un seul homme qui ne partait pas avec le brick.
Mon camarade me montra alors que l’une des parois de la caisse pouvait s’enlever à volonté. Il la fit glisser de côté et me montra l’intérieur, dont je me divertis beaucoup. Un matelas enlevé à l’un des cadres de la chambre recouvrait tout le fond, et elle contenait tous les genres de confort qui avaient pu être accumulés