Page:Edgeworth - Belinde T1 T2.djvu/121

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

nel, je ne sois pas complétement guérie de la coquetterie. Quand j’y réfléchis de sang froid, j’en suis étonnée comme vous ; mais que vous dirai-je ? Ce rôle a quelque chose de si attrayant ! L’habitude, cette douce habitude de plaire, comment renoncer à cela ? — Et puis, mylord est toujours jaloux : cela donne un singulier aiguillon à tous les petits projets de coquetterie.

Malheureuse créature que je suis ! je me sens mourante d’un mal incurable, et pourvu qu’on me croie heureuse, pourvu qu’on m’envie et qu’on m’admire, cela me suffit. Laissez-moi mener encore quelques mois Clarence Hervey en triomphe, et je vous abandonne tout mon être ; je quitterai le théâtre sans regret : mon rôle sera joué ; je l’aurai soutenu jusqu’au bout…

Mylady s’arrêta. Elle s’appuya sur le sopha, et parut souffrir beaucoup. Au bout de quelques instans, elle reprit la parole :