Aller au contenu

Page:Edgeworth - Belinde T3 T4.djvu/344

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

empressé de regagner ce qu’il avait perdu. Il se promettait bien, si une heureuse nuit lui rendait ses biens, de quitter pour toujours et le jeu et les joueurs. Peu de mois auparavant, il aurait rougi de la seule pensée de cacher une de ses actions à son meilleur ami, M. Percival ; mais à présent, s’abandonnant à son amour-propre, il employait tout son esprit à excuser sa dissimulation. Il ne manquait pas de prétextes spécieux ; et la pureté de ses intentions le rassurait. Ah ! comme cet instinct moral, auquel il se confiait, est un guide trompeur, quand il n’est point éclairé par la raison et la religion !

M. Vincent fut cruellement trompé dans son espoir de regagner tout ce qu’il avait perdu. Il joua avec toute l’impétuosité de son caractère. Son jugement l’abandonna : il savait à peine ce qu’il disait, ce qu’il faisait. Dans son désespoir, dans sa folie, il paria tout ce qu’il possédait ;