Page:Edgeworth - Belinde T3 T4.djvu/372

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dessous les rideaux de la fenêtre. Quoique superstitieux, Juba ne manquait pas de courage, un voleur ne lui faisait pas la même peur qu’une sorcière ; avec une présence d’esprit digne d’un aussi grand danger, il prit un pistolet qui était sur la cheminée, et marchant bravement à l’ennemi, il saisit le juif à la gorge en s’écriant :

Vous mort, si volez mon maître.

Pétrifié à la vue du pistolet, le juif voulut aussitôt expliquer qui il était ; et, montrant sa bourse, il assura Juba que loin de vouloir prendre de l’argent à son maître, il lui en apportait. Juba ne voulut point le croire ; il croyait son maître le plus riche des hommes ; d’ailleurs, le langage du juif était tout-à-fait inintelligible pour lui, et Salomon, ayant une antipathie particulière pour les nègres, ne pouvait s’empêcher de montrer par ses grimaces toute son aversion. Juba n’aurait point lâché sa proie