Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/135

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tienterait quelque temps ; mais elle fut promptement désabusée : M. Harvey habitait l’Angleterre et avait laissé ses pouvoirs à un homme d’affaires appelé Hopkins, dont la suite de cette histoire fera connaître le caractère. M. Hopkins, huit jours après la mort de la veuve, signifia aux enfants qu’ils eussent à lui payer le prix du fermage, et à sortir ensuite de la petite maison qu’ils occupaient pour faire place à un nouveau locataire.

Les prières, les larmes, tout fut inutile. M. Hopkins se montra d’autant plus inexorable qu’il partageait la rancune que sa fille Alice conservait contre Marie, depuis que celle-ci avait refusé de lui donner sa chèvre. Ce refus était pourtant bien naturel, puisque les orphelins vivaient de son lait, et que sans elle ils n’auraient pas su comment faire pour s’en procurer.

Marie chercha dans les environs une cabane où ils pourraient s’abriter. Elle ne trouva que deux chambres et une cuisine dépendant des ruines du vieux château de Rossmore. Ces trois pièces étaient assez convenables, et M. Hopkins consentit à les leur louer au prix d’une demi-guinée par an.

Les orphelins y apportèrent deux lits, une table, des chaises, une caisse contenant leurs habits et un grand coffre dans lequel il y avait deux cents livres de farine.

Les voisins vinrent à leur secours en les aidant à