Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/209

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— Dans ce cas, un autre penny vaudrait autant que celui-là pour acheter des friandises.

— Oh ! rassurez-vous, madame, je n’en ferai pas un mauvais usage. »

Il quitta l’ouvrier, s’empressa d’aller donner à manger à Pied-Léger, et le lendemain, à cinq heures, content et joyeux, chantant comme un pinson, il se dirigea vers l’habitation de la dame.

Il se rendit quatre jours de suite à son travail ; il s’occupait sans cesse, et la dame, qui chaque jour venait voir ce qu’il avait fait dans sa journée, demanda, au bout de ce temps, à son jardinier ce qu’il pensait de cet enfant.

« Il travaille beaucoup, madame ; je ne l’ai pas encore surpris un seul instant à rien faire. Vous pouvez vous assurer par vous-même qu’il travaille deux fois autant qu’un autre. Et tenez, aujourd’hui, il a commencé à ce rosier et fini à celui-là. C’est plus que ne pourrait en faire un garçon qui aurait trois ans de plus que lui.

— Je m’y connais, et je vois que ce que vous me dites est la vérité ; mais quelle est la tâche que peut faire un enfant de cet âge ?

— La voilà, madame, » répondit le jardinier en faisant deux marques avec sa bêche.

La dame, s’adressant alors à Jean :

« Voilà, lui dit-elle, ta tâche de chaque jour.