Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/22

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dit un autre. Un troisième exprima le regret qu’on ne pût le faire prévenir à cette distance. La conversation roula bientôt sur les difficultés qu’on éprouve à envoyer au loin des messages rapides et sûrs. Le fils de Cox, qui était âgé d’environ dix-neuf ans et faisait partie de la bande, parla du pigeon blanc, et l’on décida qu’il fallait se procurer à tout prix un tel messager. En conséquence, le jeune Cox alla trouver Brian O’Neill le jour suivant, et employa d’abord la persuasion, puis les menaces, pour le décider à se défaire de son pigeon. Brian persista dans son refus, surtout quand il vit son interlocuteur le menacer.

« Je l’aurai de gré ou de force, » dit Cox.

Peu de jours après, le pigeon disparut. Brian le chercha vainement. Il demanda à tout le voisinage si on ne l’avait point vu ; il s’adressa même, mais sans succès au jeune Cox. Celui-ci jura qu’il ne savait rien. C’était un mensonge ; car le jeune Cox l’avait volé pendant la nuit et envoyé aussitôt à ses complices, qui se réjouirent de l’avoir en leur possession, croyant pouvoir s’en servir comme d’un messager rapide et discret.

Rien n’a la vue plus bornée que le crime. Les précautions mêmes que ces gens prirent pour cacher leurs desseins tournèrent à leur propre confusion. Ils essayèrent d’instruire le pigeon qu’ils avaient volé à porter pour eux des messages à