Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/30

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recherchaient son amitié, et il se souciait fort peu d’être aimé des méchants. Les railleries et les sarcasmes des paresseux et des mauvais écoliers ne l’embarrassaient en rien et ne le touchaient même pas. Son ami Loveit, au contraire, visait aux suffrages de tout le monde. Son ambition était de passer pour le meilleur enfant de la pension. On l’appelait ordinairement le pauvre Loveit, et chacun le plaignait, lorsqu’il était en faute, ce qui lui arrivait assez souvent. Quoiqu’il fût naturellement disposé au bien, il se laissait entraîner au mal, parce qu’il n’avait pas le courage de dire non. Il craignait de désobliger les méchants et ne pouvait supporter les railleries des sots.

Un beau soir d’automne, les élèves obtinrent la permission d’aller jouer sur une verte pelouse, dans le voisinage de l’école. Loveit et un de ses camarades, nommé Tarlton, entreprirent une partie de volant. On fit cercle autour d’eux : c’étaient les plus forts de l’école, et ils faisaient assaut d’habileté. Quand on eut compté jusqu’à trois cent vingt, la partie devint très intéressante. Les joueurs étaient si fatigués qu’ils avaient peine à tenir la raquette. Le volant commençait à vaciller dans l’air. Tantôt il touchait presque la terre, tantôt il passait par-dessus leur tête, au grand étonnement des spectateurs. Les coups devenaient de plus en plus faibles. « À toi Loveit ! à toi,