Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/31

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Tarlton ! » criait-on de tous côtés. La victoire fut encore quelques minutes indécise ; mais enfin le soleil couchant, qui donnait en plein dans le visage de Loveit, lui causa un éblouissement qui l’empêcha de voir le volant tomber à ses pieds.

Après les premières acclamations qui saluèrent le triomphe de Tarlton, chacun s’écria : « Pauvre Loveit ! c’est bien le meilleur enfant du monde ! Quel dommage qu’il n’ait pas tourné le dos au soleil !

— Maintenant, je vous défie tous de faire une partie avec moi, y s’écria Tarlton dans son orgueil. Et, en disant ces mots, il poussa le volant avec tant de force, qu’il le fit passer par-dessus la haie et tomber dans un chemin creux qui se trouvait derrière le champ. « Ah ! dit-il, qu’allons-nous faire à présent ? »

Il était expressément défendu aux élèves d’aller dans le chemin. Ils avaient promis de ne point enfreindre ce commandement, et à cette condition on leur avait permis d’aller jouer dans le champ. Ils n’avaient pas d’autre volant et la partie se trouvait interrompue. Ils montèrent sur le talus du fossé afin de regarder par-dessus la haie.

« Je le vois là, dit Tarlton. Qui veut aller le chercher ? Il n’y a qu’à franchir la barrière qui est au bout du pré. C’est l’affaire d’une demi-minute, ajouta-t-il en regardant Loveit.