Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/323

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rèse la suivit. Le corridor était très sombre, mais sous la lampe tous les domestiques se trouvaient réunis. Ils se turent à l’approche Christophe soutenant la tête de Frédéric, et auprès de lui le petit ramoneur, qui lui présentait un bassin dans lequel le sang coulait.

« Miséricorde ! que vais-je devenir ?… Il saigne ; le sang ne s’arrête pas. Quelqu’un connaît-il un moyen de l’empêcher de couler ?… Ah ! une clef, une grosse clef dans le dos… Personne n’a de clef ?… M. et Mme Montagne seront peut-être ici avant que nous ayons arrêté l’hémorragie… Une clef… Une toile d’araignée… pour l’amour du ciel ! Voyons, croyez-vous que le sang va bientôt s’arrêter ?… Ah ! mon Dieu ! cet enfant va tomber en défaillance… C’est fait de lui !

— Mon frère ! mon frère va mourir ! s’écria Marianne, terrifiée à ces mots. Et perdant la tête, elle descendit les escaliers en appelant : « Sophie, Sophie ; monte, ma sœur ; il va mourir !

— Donnez-moi le bassin, toi, dit Christophe au petit ramoneur. Tu n’es pas fait pour servir un jeune homme de qualité.

— Non ! non ! laissez-le-lui. Il n’a pas eu l’intention de me blesser.

— Je ne savais pas, moi. Je croyais que c’était mon camarade.