Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/44

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« Le chien vient de briser sa chaîne ; sauve qui peut ! »

À ces mots de Tarlton, chacun s’empressa d’escalader la haie ; Loveit, se trouvant seul en arrière, leur criait :

« À mon secours ! Oh ! je vous en prie ! venez à mon secours, je ne puis m’en aller seul ; oh ! une minute, une seule, mon cher Tarlton. »

Le cher Tarlton n’entendait pas, et Loveit, abandonné de tous ceux qui, un instant auparavant, se disaient ses amis, ne put regagner le dortoir qu’avec beaucoup de peine. Il commença à ne plus voir dans Tarlton qu’un garçon aimant à vanter ses prouesses, et qui, au moment du danger, était le premier disposé à, se sauver ; aussi le lendemain dit-il à ses camarades :

« Pourquoi ne m’avez-vous pas aidé hier, quand je vous en ai prié ?

— Je n’ai pas entendu, répondit l’un.

— J’étais déjà si loin ! dit un autre.

— Je ne le pouvais pas, argua un troisième.

— Et vous, Tarlton ?

— Moi ! j’avais bien assez de penser à moi. Chacun pour soi en ce monde.

— Ah ! chacun pour soi ?

— Eh ! oui, certainement, Qu’y a-t-il là de si étrange ?