Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/45

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— Il y a d’étrange que je me figurais que vous m’aimiez.

— Ah ! grand Dieu ! mais oui, cela est vrai ; seulement nous nous aimons mieux nous-mêmes.

— Hardy ne m’a pas compromis comme toi, et cependant…

— Bast ! fit Tarlton un peu alarmé, ce que tu dis là n’a pas le sens commun. Voyons, écoute-moi. Nous sommes très-fâchés de ce qui est arrivé, et nous t’en demandons pardon. Donne-moi la main, pardonne et oublie.

— Je te pardonne, répondit Loveit en présentant sa main, mais je ne puis oublier.

— Allons, je le vois, tu n’es pas de bonne humeur ; mais nous te connaissons, tu ne gardes pas rancune. Viens avec nous, tu sais bien que tu es le meilleur garçon du monde, et que nous faisons tout ce qui te fait plaisir. »

La flatterie l’emporta encore ; Loveit était si heureux de se croire réellement aimé, qu’il n’apercevait pas qu’il servait de jouet à ses méchants condisciples.

« C’est étrange, dit-il cependant, que vous m’aimiez autant, et que vous m’ayez laissé cette nuit dans un si cruel embarras. »

Et il se mit à comparer ses nouveaux amis avec Hardy. Celui-ci lui parlait toujours avec bonté, ne l’engageait qu’à faire du bien, lui faisait