Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/52

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fourche le morceau de viande empoisonné et le ramena vivement de son côté.

Nous laissons à nos lecteurs le soin de se figurer le plaisir, le bonheur du brave garçon après avoir ainsi préservé le superbe Barker d’une mort certaine. Loin d’en tirer vanité et de chercher à recevoir une récompense pour sa bonne action, Hardy se dirigea du côté de la pension et monta tranquillement l’escalier. Il se disposait à rentrer dans son dortoir, lorsqu’il se trouva face à face avec M. Pouvoir, le maître d’étude, qui, les bras croisés, l’attendait d’un air indigné.

« Venez par ici, dit-il, que je sache qui vous êtes. Je savais bien que je finirais par vous découvrir ; allons, venez… Hardy ! Comment, c’est vous, c’est bien vous, Hardy ?

— Oui, monsieur.

— Je suis sûr que, si M. Sincère était là, il ne voudrait pas en croire ses yeux ; quant à moi, je ne sais vraiment que penser. Voudriez-vous me dire ce que vous avez là dans vos poches ?

— Vous pouvez voir, monsieur, répondit Hardy en tirant un paquet.

— Quoi ! un morceau de viande ; mais ce n’est pas tout.

— Je vous demande pardon, monsieur, c’est tout.