Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/51

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— Je ne te trahirai point, tu peux avoir confiance en moi. »

En disant ces mots, Hardy quitta le dortoir, traversa la prairie en courant, santa par dessus la haie, suivit lestement les traces de Tom et l’atteignit au moment où il jetait le morceau de viande dans le jardin du pauvre homme.

« Ah ! c’est vous, monsieur Hardy ; pourquoi venez-vous ici ? Est-ce que vous n’étiez pas bien couché ?

— Je viens, misérable, reprendre le poison que tu as dans ta poche.

— Et qui vous a dit que j’avais du poison ? c’est une plaisanterie. Pourquoi en aurais-je ? Tenez, regardez plutôt.

— Donne-le-moi, te dis-je, je le veux.

— Sur mon honneur, monsieur Hardy, je n’en ai pas ; je vous jure que je n’en ai pas.

— Tu es un mauvais garnement.  »

Et au même moment le chien, éveillé par le bruit de ce colloque, se mit à aboyer. Tom était terrifié ; il craignait que le vieillard ne sortît de sa maison et ne s’aperçût du projet d’empoisonnement qu’il essayait de mettre à exécution. Le chien s’approcha de la haie, sauta sur le mouchoir et le déchira en continuant de grogner, de hurler, d’aboyer. Hardy, sans perdre courage, guetta le moment favorable ; il piqua avec une