Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/59

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fut la réponse qui sortit de toutes les bouches à la fois. Et en effet, personne, à l’exception de Hardy, de Loveit et de Tarlton, ne savait la vérité.

« Ma canne, s’écria M. Sincère, ma canne ! »

Tarlton devint blême comme la neige ; Loveit baissa les yeux ; quant à Hardy il regardait tranquillement son maître et ne paraissait nullement ému.

« Voyons, avant de frapper, dit M. Sincère, peut-être découvrira-t-on quelque indice à la marque. »

Et regardant attentivement les coins du mouchoir : « J. T., » dit-il.

Tous les yeux se fixèrent à l’instant sur Tarlton, qui, tremblant de tous ses membres, vint se jeter aux pieds de M. Sincère et lui demanda pardon.

« Sur mon honneur, dit-il, je vais tout vous dire. Je n’aurais jamais eu l’idée de voler les pommes de ce vieillard, si Loveit ne m’en avait parlé le premier. Quant au poison, c’est Tom qui m’y a engagé. »

Et comme le maître hésitait à le croire :

« N’est-ce pas que c’est cela, Hardy ? Oh ! mon bon monsieur, pardonnez-moi pour cette fois. Je ne suis pas le plus coupable ; mais je désire que vous me punissiez seul, que je serve d’exemple pour tous les autres.

— Je ne veux pas vous punir.

— Oh ! merci, monsieur, répondit Tarlton en essuyant ses yeux.