temps où je vivois, du moins parmi les gens du bel usage. Je partageois les femmes en deux classes : celles que l’on achète et celles qui sont assez riches pour choisir. Quoique la différence entre ces deux classes fût marquée par quelques égards, quelque cérémonie extérieure, je ne regardois pas cette différence comme très-grande. Quant à ce qui me concernoit personnellement, j’étois ennuyé des premières ; les secondes me faisoient peur, oui, réellement peur ; c’étoit avec ces opinions et ces sentimens, que j’allois me choisir une épouse. Pour me décider dans mon choix, je consultai une table de numération : unité, dixaine, centaine, mille, dixaine de mille, centaine de mille. J’étois enchanté de conduire à l’autel de l’hymen, pour parler le langage des gazettes, une
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