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Page:Edmond-Mandey-La Vertu d Alfred-1924.djvu/17

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dont il était heureux au fond, d’avoir secoué le joug…

Cette tante extraordinaire dont il avait tant entendu parler, comment était-elle ?

Il se posait cette question sans pouvoir y répondre, n’ayant jamais vu celle que sa mère appelait avec mépris « l’intrigante ».

Il essaya de s’en faire un portrait et se la représenta un peu forte, grisonnante, d’allure sérieuse, mais tout de même bon enfant, car il la voulait indulgente à ses plaisirs.

— Voyons, se disait-il. Elle doit ressembler à Mme Duval la femme du percepteur ou peut-être est-elle grande et sèche comme Mme Dupont la femme du capitaine de gendarmerie. Il passait naturellement en revue toutes les dames de sa ville qui étaient reçues dans la maison familiale. : les grandes, les petites, les boulottes, les maigres, les brunes, les blondes… Mais il ne se faisait aucune idée de la véritable personnalité de la tante Adrienne et la voyait de toutes les façons, sauf sous l’aspect d’une jeune femme jolie et élégante…

Lorsque le train s’arrêta en gare, le jeune Provincial fut un peu ahuri par le premier contact avec le brouhaha parisien. Il se laissa guider par l’homme d’équipe qui s’empara de sa malle et le conduisit jusqu’à un taxi, auquel Alfred donna l’adresse de sa tante.

Une demi-heure après, il sonnait à la porte d’Adrienne. Le cœur lui battait fort, tandis qu’il attendait qu’on lui ouvrit.

Ce fut la femme de chambre Julie qui le fit pénétrer dans l’appartement.

Elle l’examina de pied en cap, avec un petit air entendu, et lui dit en riant :

— C’est vous le cousin de Madame ?

— Le cousin ?… non, le neveu !…

— Chez vous, peut-être, mais ici, vous serez son cousin, Madame l’a ordonné ainsi, ajouta la servante en souriant de nouveau.

Puis elle dit :

— Si vous voulez entrer, Monsieur… ?

— Alfred.

— Monsieur Alfred. Je vous demande pardon. Je ne me