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Page:Edmond-Mandey-La Vertu d Alfred-1924.djvu/16

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Il fallait donc que le mari d’Aglaé apportât en mariage mieux que ce qu’il avait. Le notaire avait d’ailleurs déclaré que les enfants étaient assez Jeunes pour attendre que le fiancé de sa fille se fût créé une position plus en rapports avec la situation de celle qu’il voulait épouser.

Pour cela, il n’y avait qu’un moyen ; conquérir les bonnes grâces de la tante de Paris pour qu’elle voulut bien consentir à distraire une parcelle de la fortune de feu Ambroise Rouchaud et à la laisser tomber dans la corbeille de mariage.

M. Valentin et sa femme avaient d’abord pensé à faire appel tout simplement à Adrienne, Mais, après avoir mûrement réfléchi, ils s’étaient dit qu’il valait mieux qu’Alfred fit plus ample connaissance avec sa parente, et c’est ainsi qu’avait été décidé le voyage à Paris.

Le jeune Valentin avait pour mission de se faire bien venir, de capter la sympathie de la veuve de son oncle. On lui fit de multiples recommandations avant son départ, afin qu’il se montrât sous un jour favorable. Le rêve serait que la tante proposât elle-même de doter son neveu…

Seul dans le compartiment du train qui l’emportait vers la capitale, Alfred se remémorait les instructions paternelles et maternelles : se montrer plein d’égards, flatter les manies de sa tante, bien écouter ses conseils, montrer un grand désir de travail, et surtout être très sérieux…

Sur ce dernier point, le jeune homme faisait mentalement quelques réserves. Certes, il avait promis de rester fidèle à sa fiancée, et celle-ci lui avait fait jurer de ne pas regarder les Parisiennes, « qui étaient toutes des enjoleuses et des pas grand’chose ». Mais il se disait que c’était là des serments qu’on fait toujours en pareil cas, sans être absolument forcé de les tenir.

Il avait, au contraire, la ferme intention de mordre au fruit défendu, se disant que ses parents et Aglaé seraient trop loin pour venir le contrôler. La seule chose qui l’inquiétait était de savoir si sa tante lui laisserait une liberté assez grande pour lui permettre d’exécuter ce programme. Mais il pensait bien qu’à Paris on était moins formaliste qu’en province et que sa tante ne serait pas aussi sévère que ses parents