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Page:Edmond-Mandey-La Vertu d Alfred-1924.djvu/21

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Adrienne était debout devant une glace arrangeant ses cheveux, ce qui lui permettait de voir entrer le jeune homme, sans avoir l’air de l’inspecter…

Alfred, en voyant cette jeune femme dont la toilette mettait encore davantage le charme en valeur, resta bouche bée… Ah ! certes, sa tante ne ressemblait ni à la femme du percepteur, ni à celle du capitaine de gendarmerie…

Il n’osait plus ni parler, ni avancer…

Adrienne se retourna et, voyant son embarras, ne put s’empêcher de rire  :

— Eh bien ! voyons !… Mon cousin, je vous intimide… ?

— C’est-à-dire que… non… oui… ma tante.

Adrienne fit la moue, et ce fut sur un petit ton sec qu’elle dit :

— Non, mon petit ami. Pendant votre séjour ici, je vous prie de ne pas m’appeler ma tante, mais ma consine. Ce sera moins ridicule entre un grand jeune homme comme vous et une jeune femme comme moi. D’ailleurs, j’avais prié Julie de vous le dire…

— Julie, c’est la… ?

— Oui, c’est ma femme de chambre.

— Elle me l’a dit, ma tan… ma cousine ?

— Eh bien ! Il faudra vous en souvenir à l’avenir, si vous voulez que nous soyons bons amis…

Puis, sans transition, elle ajouta :

— Et votre sœur ?… Vous auriez dû l’amener avec vous, votre sœur ? J’aurais été charmée aussi de faire la connaissance de cette fillette !

— Oh ! ma sœur est déjà une jeune fille… Elle a dix-huit ans.

— Oui, je dis fillette… c’est une façon de parler…

— Si j’avais pu prévoir, si on avait su, elle serait bien venue. Mais maman aurait eu peur d’abuser… Seulement si ça vous fait plaisir, on peut lui écrire de venir…

— Non, ce n’est pas la peine… Ce sera pour une autre fois… Pour le moment, je me contenterai de vous avoir seul…

Poliment, Adrienne s’inquiéta des parents d’Alfred, et celui-ci crut devoir donner sur leur vis tout un luxe de détails