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Page:Edmond-Mandey-La Vertu d Alfred-1924.djvu/22

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et entrer dans une multitude d’explications que sa tante-cousine écoutait d’une oreille distraite, répondant par oui ou par non. Au fond, elle n’entendait pas ce que le jeune homme disait, et elle poursuivait toujours sa pensée, continuant à ruminer ses plans de vengeance…

Lesdits plans d’ailleurs commençaient à sortir du domaine du rêve, ils s’affirmaient plus précis, et, Adrienne ne se désolait plus à la pensée qu’Alfred était un neveu et non une nièce. Sa première idée avait évolué.

— Au contraire, se disait-elle, il me servira tel qu’il est… Le tout ce sera de le décider… et de l’empêcher de faire des gaffes…

Elle examina Alfred durant tout le repas. Et le jeune homme qui ne fut pas sans remarquer ce manège, se demandait avec inquiétude si cet examen lui était favorable.

Après le dîner, et le café étant pris, Adrienne dit au jeune homme :

— Alfred, vous devez être fatigué par le voyage… Vous savez où est votre chambre !… Vous pouvez la regagner… Demain nous parlerons des choses sérieuses…

— Bonsoir, ma tan… ma cousine… répondit timidement le jeune homme et il s’avança vers Adrienne qui lui tendit la main.

Le jeune homme ne savait s’il devait baiser cette main ou la serrer dans la sienne… Il n’osa pas faire le premier geste et se contenta du second, car sa tante, devenue sa cousine, l’intimidait énormément.

Adrienne était passée dans sa chambre, et, tandis que sa camériste l’aidait à s’habiller pour se rendre au théâtre, elle lui disait :

— Julie, ce petit jeune homme, mon cousin, comment le trouvez-vous ?

— Mon Dieu, Madame, je ne sais pas, moi… Je ne l’ai pas beaucoup regardé…

— Il est bien un peu godiche.

— Pas trop, Madame, moi je le trouve gentil…

Or, Alfred, qui voulait savoir ce qu’on pensait de lui, avait collé son oreille à la serrure de la porte de la chambre…