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Page:Edmond-Mandey-La Vertu d Alfred-1924.djvu/38

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Julie, naturellement, promit tout ce qu’Adrienne voulut. Elle se disait seulement qu’elle déciderait elle-même, à l’instant opportun, s’il y avait lieu ou non de précipiter le mouvement.

Enfin, le jour des présentations arriva.

Adrienne invita plusieurs amis à l’occasion du séjour à Paris de ses cousins de province, et naturellement Paul et Jeanne furent parmi les invités.

Adrienne fit largement les choses et offrit un dîner, au cours duquel elle eut soin de placer Paul à côté de sa prétendue cousine.

Personne n’y vit malice, pas même Jeanne, qui était trop préoccupée à observer l’attitude de la maîtresse de la maison à l’égard de son amant. Celui-ci cependant ne fut pas sans remarquer sa voisine de table, à qui il parlait de sa ville natale, — qu’il connaissait pour y être passé au cours d’un voyage.

Julie soutint très bien le choc.

Elle répondait par des monosyllabes en rougissant comme elle le devait et elle sut si bien dire « oui, monsieur » ou « non, monsieur » en baissant les yeux que Paul était, au dessert, enthousiasmé de la petite provinciale.

Alfred, lui, continuait à agir sans comprendre, et à parler ou se taire suivant les ordres de sa tante-cousine.

Le jeune homme avait maintenant une grande admiration pour sa parente, bien qu’il ne comprit toujours pas quel but elle poursuivait.

Les jours passèrent. Adrienne sortait maintenant, flanquée de ses deux cousins. Elle les conduisait à des thés, voire même au théâtre.

Et presque toujours, lorsque Julie l’accompagnait, elle s’arrangeait pour se rencontrer avec Paul. Celui-ci, de son côté, faisait tout ce qu’il pouvait afin de se trouver sur le chemin de son ancienne maîtresse, surtout pour retrouver celle qu’il croyait une pure et innocente jeune fille.

Les choses marchaient donc en tout point comme Adrienne le désirait. Il ne s’agissait plus que de les précipiter.