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Page:Edmond-Mandey-La Vertu d Alfred-1924.djvu/39

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vi

Cousin et Cousine


Alfred pourtant, tout en se prêtant à la comédie imaginée par sa tante, trouvait que celle-ci exagérait sa surveillance autour de lui.

Le jeune homme se sentait encore moins libre que lorsqu’il vivait dans sa famille.

Il avait acquis, depuis son arrivée à Paris, une certaine hardiesse et il résolut de faire comprendre à sa parente qu’il lui serait agréable de sortir quelquefois seul. En outre, il brûlait du désir de déchiffrer un peu de l’énigme posée par Adrienne en substituant Julie à sa sœur, et en le faisant changer d’état-civil.

Il y était d’autant plus encouragé que sa tante était devenue de plus en plus aimable avec lui, et qu’à part le travers qu’elle avait de ne vouloir jamais le quitter — ou à peu près — elle le traitait très affectueusement. Adrienne avait même pris l’habitude de tutoyer son neveu, bien que celui-ci n’eut pas encore osé abandonner à son égard le vous respectueux.

D’autre part, le séjour du jeune Valentin se prolongeait à Paris sans qu’il ait encore entrevu la possibilité de parler à Adrienne du véritable motif de son voyage et risquer une allusion à son mariage avec Aglaé, la fille du notaire et à la nécessité pour lui d’apporter quelques billets de mille pour les jeter, dans la corbeille de mariage, à côté de la dot de sa fiancée.

Certain soir qu’il se trouvait, après le dîner, en tête à tête : avec Adrienne, il en profita pour risquer sa requête :

— Ma cousine, dit-il (il s’était enfin habitué à l’appeler ainsi), ma cousine, je vous ai promis de ne plus chercher à compromettre Julie. Vous devez vous apercevoir que j’ai tenu cette promesse, mais il y a deux choses que je voudrais vous dire.