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Page:Edmond-Mandey-La Vertu d Alfred-1924.djvu/60

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ix

Au nom de la loi…


Des gens qui furent stupéfaits, anéantis, assommés, ce furent M. et Mme Valentin, lorsqu’ils recurent le surlendemain au matin une lettre, non pas de leur fils, mais d’Adrienne, qui avait tenu à leur écrire elle-même pour leur annoncer sa résolution.

Cette lettre adressée à Mme Valentin était ainsi conçue :

« Ma chère Lucienne,

« Depuis qu’Alfred est à Paris, c’est la première fois que vous recevez de ses nouvelles par mon intermédiaire. Rassurez-vous, il ne lui est arrivé rien de fâcheux et si j’écris aujourd’hui en notre nom à tous les deux, c’est que j’ai tenu à vous annoncer moi-même le grand événement…

Mme Valentin lisait cette lettre à haute voix à sa fille et à son mari qui écoutaient religieusement. Elle fit une pause à cet endroit… et reprit :

… le grand événement.

« Alfred était venu chercher auprés de moi — il me l’a enfin avoué — une dot pour mettre dans sa corbeille de noces…

« Une dot c’était peu et mesquin. Je jette dans la corbeille, moi, toute la fortune que mon premier mari m’a laissée…

— Tu ne te trompes pas, tu lis bien ? demanda M. Valentin en écarquillant les yeux.

— Non, non, je ne me trompe pas… Il y a bien « toute la fortune ».

— Continue.

— Voici la suite !

« Mais je m’y jette aussi avec ladite fortune, ce qui veut dire qu’Alfred n’épousera pas Mlle Aglaé Durand, mais avec votre consentement, dont je ne doute pas, Mme veuve Adrienne Rouchaud, laquelle vous embrasse, non plus comme des frère et sœur, mais comme de futurs beaux-parents… »