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— Éléonore ! Éléonore !

La jeune femme somnolait. Elle se dressa sur son séant :

— Qu’y a-t-il ?… C’est toi, Edgard ?… Tu viens te coucher.

— Il y a… il y a que j’ai entendu du bruit. Quelqu’un monte !

— Quelqu’un monte ?

— Oui, le concierge peut-être. Il ne faut pas que tu restes dans ma chambre.

— Par exemple, tu lui défendras bien d’entrer tout de même.

— Oui, mais c’est ce qui lui donnera des soupçons. Il vaut mieux que tu te caches un instant dans une pièce voisine.

Éléonore sauta en bas du lit. Elle paraissait perplexe, la belle Éléonore, elle était nerveuse, inquiète.

Elle courut à la porte et tendit son oreille :

— Mais je n’entends rien, dit-elle.

— Tu n’entends rien ?… Par exemple, c’est trop fort !

— Je t’assure.

Mais, traîtreusement, Edgard avait ouvert une porte. Il tourna le commutateur électrique et toute lumière s’éteignit.

— Que fais-tu ? demanda la jeune femme.

— Ce n’est pas moi !

— Comment, ce n’est pas toi ?

— Non, c’est celui qui monte.

— Mais il ne monte personne. Tu es fou ?

— Vite ? Entre là.

Et avant qu’Éléonore ait répondu, Edgard l’avait entraînée dans la pièce dont il avait déjà ouvert la porte.

— Maintenant, ne bouge plus… et tais-toi, dit le sous-préfet à voix basse.

Après quoi il s’éloigna et referma sur lui la porte à laquelle il donna deux tours de clé.

Tout d’abord, Éléonore était restée interdite, se demandant ce que signifiait l’attitude de son amant.

— Il se passe certainement quelque chose d’anormal, se dit-elle. Pourtant, il ne peut se douter de rien.

Elle chercha à tâtons le bouton électrique, l’atteignit au bout de quelques minutes et le tourna.

Lorsque la lumière éclaira la pièce, la belle Éléonore regarda autour d’elle.

Soudain elle poussa un cri :

Dans un lit dressé contre un coffre-fort, un jeune homme dormait.

Agénor — les lecteurs l’ont reconnu — se réveilla.