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— Hélas ! Mon cher ami, me pardonnerez-vous jamais !…

Le vieillard ne répondit pas. L’émotion fut trop forte. Et il tomba frappé d’apoplexie.

xii

M. Couillard veut encore une fois être violé sur les
cochons de bois.


Le suite des évènements se déroula comme il avait été prévu. Il y eut seulement en plus les obsèques solennelles faites au comte de La Roche Pelée, et au cours desquelles on admira la douleur profonde de sa jeune veuve (sauf naturellement les gens au courant qui la trouvèrent une merveilleuse comédienne).

Le docteur Rabaud fut élu député et maire sans concurrent, et tout Château-du-Lac se pressa au mariage de sa fille avec le sous-préfet.

Quelque temps après, le nouveau député obtenait du ministre un avancement flatteur pour son gendre, « qui avait conquis à la République la circonscription de tout temps réactionnaire de Château-du-Lac ».

Edgard fut de nouveau appelé au cabinet du ministre, mais cette fois en qualité de chef-adjoint.

Or, un peu moins d’un an s’était écoulé depuis la nuit mémorable si remplie d’événements qui avait bouleversé la vie sociale de Château-du-Lac. Ce jour-là, M. Edgard Dumoulin fumait tranquillement un cigare dans son bureau, lorsque l’huissier entra et lui présenta une carte sur laquelle le haut fonctionnaire lut, non sans surprise :

Isabelle Trident de Puyprofonds

— Par exemple, dit-il… Faites entrer.

Et, comme Edgard s’y attendait, Éléonore entra :

— Éléonore ! fit-il.

— Vous dites cela, comme le soir où je suis venue vous surprendre dans votre sous-préfecture. Mais rassurez-vous, je ne viens pas troubler votre ménage que l’on dit très heureux.

« Non, mon cher, le passé est oublié.

« Je viens seulement demander au chef-adjoint du cabinet de ne pas oublier le service que lui rendit jadis mon mari, M. Agénor Trident.