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— Agénor… Votre mari ?

— Parfaitement, non cher… Je lui devais bien cette réparation puisque je lui avais pris sa virginité. Je m’en trouve d’ailleurs fort bien et lui aussi. Et je vous avoue que je n’ai plus besoin de faire des retraites prolongées dans aucun couvent comme au temps de mon vieux premier mari.

« Mais voilà… Je voudrais qu’Agénor fût nommé sous-préfet…

— Pas à Château-du-Lac ?

— Nous n’y tenons pas absolument. Où vous voudrez. Vous remarquerez que mon mari à repris mon nom pour l’ajouter au sien. Trident ce n’était pas mal, Trident de Puyprofonds, c’est mieux…

— Certainement. Eh bien ! mais, chère amie, j’en parlerai au ministre, c’est entendu.

« À propos, vous savez… en ce moment, c’est la fête de Neuilly… Puisque votre mari est à Paris, nous pourrions y aller ce soir tous les quatre, j’emmènerais ma femme…

— Et on monterait sur les cochons de bois…

« Quand on pense aux conséquences du dernier tour de cochons que nous avons fait ensemble…

À ce moment, l’huissier entra, et tendit une carte à Edgard.

— Oh ! dit-il… Ce cher M. Couillard. Qu’il entre… Il sera le bienvenu.

C’était, en effet, M. Joseph Couillard.

Il s’attendait à un accueil plutôt réservé.

Aussi fut-il étonné de voir le chef-adjoint du cabinet lui tendre les deux mains :

— Ce cher président, comment allez-vous ?… Et Mme Couillard ?… Et la petite-nièce ?…

— Très bien, très bien, je vous remercie…

Le pauvre homme était tout éberlué.

Il se décida enfin à parler :

— Voilà, dit-il, je suis seul à Paris. Je voulais d’abord venir vous voir pour m’excuser de l’histoire de l’an passé… Ce n’est pas de ma faute, c’est ma femme qui…

— Mais je l’ai bien compris. Et puis, non seulement, je ne vous en veux pas, mais je vous remercie, parce que sans cette histoire, comme vous dites, je ne me serais pas marié et je n’aurais pas encore obtenu le haut poste que j’occupe…

— Alors, vous ne m’en voulez pas…

— Au contraire, et si je peux vous rendre un service…

— Eh bien ! Voilà, vous me mettez à mon aise. Comme je suis seul à Paris, ma femme étant restée dans la Loire-et-Garonne… je voudrais… je voudrais que vous m’emmeniez de nouveau à la fête de Neuilly… avec les petites femmes…