Page:Edmond Haraucourt Cinq mille ans 1904.djvu/15

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Ce que fut alors l’aventure du monde, nous le savons mieux, les âges étant plus proches de nous, et nous n’y insisterons pas. Nul d’entre vous, messieurs, n’ignore que la régression de ceux qu’on appelait jadis la race blanche correspondait sensiblement aux progrès de la race jaune, et que la croissante infécondité de l’une se trouvait condamnée à mort par la fécondité de l’autre. L’invasion de celle-là par celle-ci était donc fatale et nécessaire ; bien plus, elle était due : la terre et le droit d’y vivre appartiennent à ceux qui vivent, non à ceux qui meurent ; quand une race est finie, une autre prend sa place. De même que les grands reptiles de l’âge secondaire avaient cédé devant les mammifères de l’Éocène et du Pliocène, et ceux-ci, plus tard, devant l’homme, de même les Blancs disparurent sous la pesée des Jaunes, simplement, naturellement, de par la Loi ; l’Europe, parvenue à son point extrême de civilisation, n’y atteignit que pour en mourir aussitôt et devenir une province asiatique ; la triple invasion militaire, commerciale, industrielle étouffa ce monde anémique, et l’ère chrétienne, déjà virtuellement morte depuis le règne américain, cessa définitivement par l’ouverture de l’ère yeléenne, c’est-à-dire par la suprématie des Jaunes.