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Page:Edmond Haraucourt point-d-honneur 1900.djvu/5

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Il leur proposa d’organiser une série de rencontres : il offrait la salle du Pandœmonia, la plus select de Paris, et quarante livres sterling de cachet, quarante livres par adversaire, le nom en vedette sur les affiches, et le numéro en fin de spectacle, pour laisser au public élégant le loisir d’arriver à l’aise.

Les représentations du Pandœmonia eurent un succès fabuleux. Il fallut doubler le prix des places, et le service d’ordre : on accourait de la province et de l’étranger. Les paris allaient leur train, et les enjeux étaient souvent considérables. Avant le spectacle, on criait la cote, dans la salle, devant le théâtre. Des bretteurs faisaient prime. Les débits de boissons, aux alentours du Pandœmonia, étaient encombrés de parieurs et de bookmakers. Le programme, renouvelé chaque jour présentait chaque soir de nouveaux interprètes. Dès l’entrée en scène, la foule acclamait ses champions avec frénésie, et ceux-ci se battaient bien, excités par leurs propres passions, et par le hurrah des gens. D’aucuns, cependant, étaient parfois sifflés, à cause d’une pâleur subite, ou parce qu’ils rompaient jusque dans la coulisse ; mais la galerie donnait du courage au plus grand nombre, et le public put contempler là des noblesses d’attitudes que la plupart des combattants n’auraient pas eu sans lui, dans un parc solitaire.