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cacher, tandis que la seconde, au contraire, avait tout intérêt à se faire voir.

Il s’arrêta un instant à la regarder, et il murmura :

— Elle dort bien !… Je peux monter !

Maître Honoré sortit donc, en étouffant le bruit de ses pas et se dirigea de nouveau vers la chambre d’Adèle, cette chambre qui devait, en cette même nuit, être le théâtre de tant d’événements.

Mme Jeanne, en effet, ne dormait pas… Elle fermait les yeux sans doute, mais elle était encore trop émue pour s’endormir… Elle ne dormait pas ; par conséquent elle avait parfaitement entendu venir son mari, et aucun des mots qu’il murmura ne lui échappèrent…

Aussi, lorsqu’elle n’entendit plus le bruit des pas de l’hôtelier, elle se leva précipitamment, se recouvrit d’un peignoir et s’engagea à son tour dans l’escalier qui conduisait à la chambre de la servante :

— Cette fois, dit elle. Il va me tromper réellement, ce bandit. Heureusement, je vais y mettre le holà !

Vous devinez bien qu’elle y voulait mettre le holà à sa façon et intervenir au moment critique, en laissant juste le temps à maître Honoré de se trouver dans une position qui lui permettrait de le confondre.

Elle n’entendait pas, dame Jeanne, avoir pour rien changé de chambre et de lit avec sa servante. Ce n’eût vraiment pas été la peine pour qu’en fin de compte son mari criminel réussit malgré tout à la tromper…

Qui se doutera jamais des incalculables conséquences aue pouvait entraîner l’amour coupable de l’hôtelier des Gais Lurons pour une pauvre fille de salle qui faisait honnêtement son métier !…

viii

En flagrant délit


Ainsi que l’avait prévu Me Robert, dès qu’il eût entraîné maître Honoré avec lui sous le fallacieux prétexte de lui offrir à boire, dame Jeanne avait quitté le petit lit de fer, et, descendant derrière les deux hommes, avait regagné ses appartements.