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Adèle, il faut le dire, était plongée dans un profond sommeil. Nous l’avons laissée, après le départ du notaire, encore sous l’impression de l’aventure qui lui était survenue. Elle en avait pris finalement son parti et s’était endormie, se sentant très lasse.

Aussi sa patronne eut-elle assez de mal à la réveiller.

Elle y parvint cependant et lui dit :

— Vite ! Dépêche-toi de regagner ta chambre !

— Monsieur est venu ?

— Non. Il n’est pas venu… ou du moins si… mais je ne lui ai pas ouvert.

— Cependant, Madame m’avait dit…

— Sans doute… mais il s’est passé des choses imprévues… Enfin, remonte vite dans ta chambre, car j’ai peur qu’il vienne ici, et s’il te trouvait là, je ne saurais que lui dire…

— Mais s’il me questionne demain…

— S’il te questionne… dis que tu ne sais pas… Enfin, lorsque la nuit sera passée, je t’expliquerai.

Et sur ces mots, Adèle, intriguée, quitta dame Jeanne.

Celle-ci avait bien eu l’envie de mettre la servante au courant, mais c’était lui confier son secret, et elle ne le voulait pas. Au dernier moment, elle s’était dit qu’elle consulterait le notaire pour savoir comment s’était terminé entre les deux hommes l’entretien commencé de si étrange façon sur le seuil de la chambre d’Adèle.

L’hôtelier, revoyant son épouse bien endormie, et ne se méfiant de rien, était arrivé sur le palier où était la chambre d’Adèle. Il se trouvait de nouveau devant cette porte toujours fermée, et qu’il comptait bien cette fois ouvrir afin de prendre sur le notaire une revanche qu’il estimait lui être bien due.

Il frappa d’abord un coup discret.

La servante venait à peine de se coucher. Elle avait trouvé en effet, son lit entièrement bouleversé.

Cela lui donna à réfléchir.

— Vraiment, ne peut-elle s’empêcher de penser, Madame m’a bien dit qu’elle avait laissé maître Honoré à la porte, mais je croirais plutôt que son époux et elle se sont réconciliés au grand dam de mon sommier.

Il ne lui venait pas à l’idée que le notaire fût venu rejoindre dame Jeanne après l’avoir quittée. Elle était trop novice en amour pour supposer un homme capable de tels exploits.