Page:Edmond Mandey Coeurs en folie, 1924.djvu/62

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
— 54 —

chez elle. Crois-tu que ce soit pour faire une bonne réputation à notre maison ?

— La fable est bien inventée.

— Par exemple. Adèle elle-même, s’il lui reste un peu de franchise, avouera.

— Je n’avoue rien du tout, répartit la servante. Je n’étais pas, il y a une demi-heure, dans cette chambre avec Me Robert… C’est vous qui…

— Quelle effrontée ! Je les ai surpris tous deux et si je suis revenu, c’est pour dire à Adèle ma façon de penser, et lui signifier qu’elle ait à quitter aujourd’hui même l’hôtel des Gais Lurons.

— Je ne veux pas être renvoyée pour une faute que je n’ai pas commise !

Ayant ainsi protesté, la servante se tourna vers sa patronne :

— Madame, vous ne croyez pas cela, n’est-ce pas ?… Et vous ne voudrez pas qu’on me chasse !

Adèle, en même temps, lançait un coup d’œil significatif à dame Jeanne qui comprit que son intérêt était de soutenir la jeune fille.

— Non, dit-elle. Non. Je ne le crois pas…

— Allons trouver Me Robert alors, dit l’hôtelier, lui ne me démentira pas.

— Pensez-vous que je vais réveiller le notaire. Parbleu, il vous soutiendrait par politesse, mais on ne m’en fait pas accroire.

« Cette histoire est trop bien trouvée, mais je n’ai pas la berlue et je sais ce que je sais. Il y a longtemps que je te surveille, traître, et je suis fixée sur toi, car je n’ignore pas que tu méditais de me tromper avec notre servante. Heureusement, elle est honnête et ne t’a pas écouté. Et tu veux maintenant que je la laisse partir pour la remplacer par une autre plus complaisante.

« À d’autres, Monsieur, à d’autres !

— C’est un peu violent ! Elle ne peut pourtant dire qu’il y ait eu quoi que ce soit entre nous.

— Parce que je suis arrivé à temps. Sans quoi j’aurais pu faire une croix sur mon honneur conjugal…

« Tu ferais beaucoup mieux d’avoir une attitude moins