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cynique et de me demander pardon… Lorsqu’on est pris la main dans le sac, c’est la seul attitude qui convienne…

— La main dans le sac !

— Oui. Oui. Je ne m’en dédis pas. Et tu vas tout de suite redescendre chez toi.

« Je ne ferai pas de scandale, mais tu te soumettras à ce que j’exigerai. Et je vais tout de suite te le faire savoir…

« Pendant cinq jours, je ferai chambre à part… Et je mettrai le verrou pour que tu ne puisses venir me surprendre. Après je verrai si je dois te pardonner. Cela dépendra de ta conduite à mon égard.

Le pauvre hôtelier dut accepter ce châtiment immérité et il quitta, l’oreille basse, la chambre de la servante, se disant qu’il n’avait vraiment pas de chance, et maudissant le notaire cause de tous les contretemps survenus depuis la veille au soir.

Quand à dame Jeanne, elle resta quelques instants encore avec Adèle.

« Pour être bien sûre d’ailleurs, que maître Honoré ne reviendra plus te trouver chez toi, durant ces cinq jours, c’est moi qui coucherai à ta place et toi dans la chambre que tu vas me préparer. De cette façon, s’il prenait fantaisie à mon mari de venir te réclamer, c’est encore sur moi qu’il tomberait.

La servante, qui entendait même ce que sa patronne ne lui disait pas, répondit :

— Sans doute… mais le notaire ?…

— De quoi t’occupes-tu ? Laisse donc, s’il te plaît, Me Robert tranquille.

— Je le laisse aussi. Je ne veux point vous le prendre.

L’hôtelière, à cette répartie, resta interdite. Pourtant, elle reprit bientôt ses esprits :

— Ma fille, dit-elle, tu as vu que tout à l’heure j’ai pris ton parti. Je le prendrai encore et tu pourras compter sur moi, à condition que tu ne sois ni trop curieuse, ni trop indiscrète…

Adèle promit donc de n’être ni curieuse ni indiscrète, malgré la jalousie qu’elle ressentait à ce moment à l’égard de sa patronner. Aussi bien, elle se rendait compte qu’elle avait