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— Pleurer ! Un homme ! dit Gaby. Dieu ! que c’est ridicule !…

— Ridicule ou non… c’est ainsi !… Et moi-même, si un pareil malheur m’arrivait !…

Cette fois la jeune femme interrompit son mari :

— Non, merci… Tu pourrais m’éviter pareille offense !… Est-ce que, par hasard, tu me confondrais avec certaines créatures… ?…

— Ne te fâche pas, ma chérie, ne te fâche pas… voyons… Je disais cela, comme ça… mais je suis bien sûr que jamais tu ne te laisseras entraîner à me trahir… D’ailleurs, je ne le mérite pas, car, moi, lorsque j’étais garçon, je n’ai jamais eu pour maîtresse de femme mariée…

Roger a-t-il compris l’allusion, toujours est-il qu’il croit bon d’affirmer, lui aussi, son respect de l’honneur conjugal, d’autrui.

Et, à son tour, il déclare :

— Ce en quoi vous avez eu raison. Si je me marie un jour, cher ami, je pourrai, comme vous venez de le faire, affirmer que jamais je n’ai apporté le trouble dans le ménage d’un ami !…

Cette affirmation est faite sur un tel ton de franchise qu’Anselme sent disparaître tous ses soupçons. Non, décidément, il ne faut pas tenir compte de cette lettre anonyme, et il n’y a pas lieu de s’alarmer. Gabrielle est une épouse très fidèle et Roger un ami dévoué qui n’a pas commis l’odieuse trahison que lui reproche le dénonciateur inconnu.

Anselme Trivier maintenant en est sûr et il redevient un joyeux convive… abandonnant le sujet de conversation épineux qui à trait à l’adultère.

L’officier se retire complètement tranquille. Il saura le lendemain par Gaby la raison de cette alerte, mais il s’en va ce soir, certain que si Anselme l’a soupçonné un instant, il n’en est plus rien, et qu’il ne reste aucune trace de ce qui a pu motiver cet incident, auquel d’ailleurs il ne comprend pas grand’chose.