Page:Edmond Mandey L amant de Gaby, 1924.djvu/52

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— Dame ! Mettez-vous à ma place. Être absolument certain que son épouse légitime vient d’entrer chez son amant et trouver la fenêtre ouverte… il n’y a plus qu’un pas à faire pour l’enjamber… Alors on enjambe…

— La fenêtre ?

— Oui… la fenêtre…

Mais, peu à peu, Anselme s’est remis. Sa colère est tombée… Il n’est plus qu’ému, mais très ému à la pensée qu’il a été ainsi trompé, que Gaby n’est pas coupable, et qu’il s’agit seulement d’une confusion causée par une ressemblance de robe et de chapeau…

Il est tellement ému qu’il en pleure… devant Irène étonnée qui lui demande :

— Eh bien ! Qu’est-ce qui vous prend ? Voilà que vous pleurez à présent ?

— Oui. Je pleure de joie… C’est que, voyez-vous, j’aime tellement ma femme que ça m’aurait fait une grande peine si j’avais véritablement été cocu…

Pour le coup, Irène n’en revient pas. Elle est un peu décontenancée en voyant le pauvre homme affalé sur une chaise et pleurant ainsi. Cela, ça n’était pas dans le programme.

Pourtant, elle juge à propos de consoler Anselme :

— Faut pas vous en faire, voyons, puisque c’est de la blague !… Et qu’elle ne vous trompe pas ! Sans compter qu’elle a rudement de la veine d’avoir un mari qui l’aime à ce point-là… Au point de pleurer comme un gosse…

— Pardonnez-moi… Je ne peux pas m’en empêcher !

— Voilà comme je voudrais être aimée, moi ! Mais ça ne m’arrivera jamais…

— Cependant, votre ami…

— Roger !… Peuh !… Il m’aime comme ça, gentiment… jusqu’au jour où il en aura assez…

Anselme maintenant regarde Irène, et, ma foi, il la trouve charmante… il la trouve si charmante qu’il ne peut s’empêcher de le lui dire.

— Cependant, permettez-moi de vous faire remarquer que Roger a de la chance, lui aussi, de posséder une maîtresse aussi charmante…