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— C’est un misérable ! Heureusement que nous lui avons infligé d’avance la peine du talion !… Il faudra m’aimer encore plus maintenant que je suis une pauvre femme délaissée par un mari d’une inconduite notoire…

— Ma chérie, je t’ai déjà dit que je ne pouvais pas t’aimer plus… J’ai déjà atteint le summun

— En tous cas, tu ne me parleras plus de tes scrupules ni de tes remords. Il n’y a plus à en avoir avec un aussi triste sire… qui trompe sa femme… et son ami… avec la première venue…

— Tu es sévère !…

— Il le faut ! c’est mon devoir !…

Et, câline, Gaby ajoutait :

— J’ai hâte d’être à demain pour nous aimer sans remords. Ça doit être bien meilleur, n’est-ce pas, mon loup aimé ?…

Le loup aimé ne répondit pas, car, à ce moment précis, le mari coupable faisait son entrée… Il était très gai, le mari coupable… Aucune préoccupation ne se lisait sur son visage, et il embrassa sa femme avec la plus grande effusion ; il serra la main de son ami avec une cordialité plus grande encore que de coutume.

Il rayonnait… de satisfaction, tant que Roger et Gaby, très mauvais psychologues, se trompèrent complètement sur les raisons de cette joie, et en conclurent : « Ça y est, il a couché avec Irène »… Il faut reconnaître qu’à leur place, nul n’eût pu soupçonner la vérité…

Gaby était tellement convaincue de la culpabilité de son époux qu’elle crut devoir prendre tout de suite l’attitude de la femme outragée… ou au moins de la femme qui se doute qu’il y a quelque chose…

Aussi commença-t-elle à reprocher à Anselme son retard :

— D’où viens-tu donc ? lui demanda-t-elle, sûrement pas du Café des Sports. Il n’y avait pas de match de billard, ce soir…

— Non, en effet, je ne viens pas du café des Sports.

— C’est que tu me réponds encore d’un ton provocant !…

— Mais non, ma chérie…