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iii


Gérard cependant ne soupçonnait rien de ce qui se passait dans l’âme et dans l’esprit de Laure. Il était tout à son bonheur et lorsqu’il revit sa mère ce fut pour lui annoncer — sans la mettre au courant naturellement de ce qui s’était passé — que Laure consentait à devenir sa femme.

Ils attendirent impatiemment la visite promise pour le soir même de la jeune fille et de sa mère.

Aussi furent-ils surpris tous deux lorsque la tante Adèle arriva seule.

Gérard se précipita au-devant d’elle :

— Mademoiselle Laure n’est pas avec vous ? demanda-t-il.

— Mademoiselle Laure ! Ah bien ! merci ! Elle est furieuse après vous ! J’ignore ce qui s’est passé tantôt entre vous, mais elle ne veut pas entendre prononcer votre nom.

Le jeune homme tombait de son haut :

— Ce n’est pas possible !

— Voulez-vous que je vous répète textuellement ses paroles ?

— Oui, quelles qu’elles soient, dites-les…

— Eh bien ! Voilà : lorsque je lui ai demandé si vous étiez venu, elle m’a répondu : « Naturellement, il n’aurait pu manquer à ton invite, mais il s’est conduit comme le dernier des hommes. J’ai subi de lui la pire injure qui puisse être faite à une femme ! Aussi, je refuse de jamais le rencontrer. Tu m’entends, jamais ! Jamais ! Je voulais le lui écrire mais il vaut mieux que tu ailles le lui dire ce soir, de ma part. J’espère qu’il comprendra ! »

« Je n’ai rien pu tirer d’autre d’elle, rien. Elle s’est enfermée dans sa chambre et je l’ai entendue qui pleurait en criant qu’elle était bien malheureuse. Qu’avez-vous donc fait ? Que lui avez-vous donc dit ? Il paraît que vous l’avez injuriée gravement… deux fois ?